B. La définition des droits culturels
En général, la conception des droits de lhomme que se fait le commun des mortels provient de sa propre culture. Par ailleurs, il arrive que lon se serve de la culture pour relativiser ou même refuser des droits à la personne humaine, en remettant ainsi en question luniversalité de ces droits, et aucune région de monde néchappe à ce constat. On doit savoir que les cultures ne sont pas immuables et que les droits de lhomme peuvent être un moyen de les faire évoluer. Également, nul ne peut contester que chez tous les êtres humains et dans toutes les cultures, existe lexigence fondamentale que des droits sont dus à lindividu du simple fait quil est un être humain. Cest ce qui explique que le fondement de tout lédifice international des droits de lhomme soit lidée de la dignité et de légalité humaines (Déclaration universelle des droits de lhomme de l'homme de lONU), égale dignité de tous les êtres humains qui est à la base des droits qui leur sont reconnus sans aucune discrimination.
Lexamen des textes internationaux relatifs aux droits de lhomme, spécialement dans le cadre de lONU, montre que les droits culturels figurent en queue de la liste des catégories de droits accordés à lêtre humain: droits civils, politiques, économiques, sociaux et, enfin, culturels. Cependant, ces cinq espèces de droits concernent tout lindividu, dans ses différentes dimensions. Tous ces droits sont donc indivisibles, à limage de la personne humaine qui forme un tout.
Trop longtemps, les droits culturels sont restés les "parents pauvres" des droits de lhomme, les moins définis, peut-être du fait notamment que la culture qui sy rapporte est souvent considérée comme un "fourre-tout" hétéroclite, en tout cas une notion particulièrement insaisissable.
De plus en plus, les droits culturels en tant que droits de lhomme sont définis comme des droits reconnaissables à chacun, sans discrimination, de choisir les références de son identité culturelle, en fonction des diverses communautés et héritages culturels auxquels il se réfère librement. Les droits culturels sont donc à interpréter dans lindivisibilité de tous les droits de lhomme, ce qui, dune part, les garde de toute interprétation abusive et, dautre part, complète et précise la définition des droits de lhomme et libertés fondamentales reconnus.
Dans cette définition, le terme "culturel" recouvre toutes les dimensions de la culture: non seulement les arts, les sciences, les langues, les valeurs, mais aussi toutes les représentations et traditions déterminant les modes de vie. Il sagit déviter la confusion de bien des textes qui ajoutent ladjectif "culturel" a la fin dune énumération (artistique, scientifique et culturel par exemple).
Pour ce qui est de lidentité culturelle, cette notion est entendue ici à la fois en liaison avec lappartenance à des communautés culturelles particulières, et avec la référence aux valeurs universelles. Ce nest donc pas exclusivement une revendication particulariste du droit à la différence, mais aussi bien celle du droit à la ressemblance et à la non-discrimination. Lidentité culturelle a nécessairement ces deux faces. Cette situation est une manifestation de la tendance actuelle à définir lhumanité comme lensemble de tous les êtres humains, et à reconnaître à chacun le droit de créer aussi bien que de partager, de donner comme de recevoir.
Pour sa part, lexpression "communauté culturelle" utilisée dans la définition des droits culturels, désigne une communauté ethnique, linguistique, religieuse, nationale, autochtone, mais aussi artistique, scientifique, dhabitation en de production : cest une communauté de ressemblance dans un art de vivre et de penser. Le culturel garde ici sa généralité, car les individus ne sont pas enfermés et encore moins enfermables dans une seule sphère dinfluence.