Tendances et enjeux
Évoquant quelques éléments de ce chapitre dont il fit état lors du premier séminaire d’experts tenu à Genève en décembre 2006, le Prof. Jean Hénaire rappela qu’ils demeurent d’actualité et constituent désormais des tendances lourdes. Il s’agit plus particulièrement du fait que, depuis les années 80, les orientations de l’éducation sont largement influencées par des organisations internationales à vocation économique - en particulier l’OCDE et les institutions de Bretton Woods - dont les politiques internes des États se font le relais. Cette « symbiose » assure du coup la meilleure adéquation possible de l’École aux impératifs de l’économisme ambiant, credo des décideurs et des planificateurs de l’éducation, promoteurs d’une logique de concurrence.
Selon le chercheur, l’idéologie scolaire est dominée par le souci de la performance aux tests internationaux, la compétition, la privatisation et la commercialisation des services éducatifs. C’est l’exaltation du marché . Dans cette perspective, il y a lieu de s’interroger d’urgence sur l’avenir de l’éducation en tant que bien commun public et accessible à tous gratuitement. Poussée plus loin, cette interrogation pourrait être convertie, à terme, en un indicateur qui serait utile dans le cadre de l’EPU pour évaluer « l’indice démocratique » des systèmes éducatifs des États.
Le conférencier a aussi fait mention du retour en assez grande force dans l’éducation d’un certain conservatisme - parfois réactionnaire - qui milite en faveur de la restauration de l’autorité de l’adulte - soi-disant menacée -, du retour aux bulletins chiffrés et au redoublement – sachant par ailleurs que la valeur scientifique de cette mesure n’a jamais été avérée.
Privatisation, contrôle et pouvoir sont de véritables enjeux qui percutent le monde de l’éducation en ce début de 21e siècle. Il est loin d’être superflu, dans ce contexte, d’attendre de la part de la communauté des États, qu’ils se prononcent ouvertement et sans équivoque en faveur du respect des droits de l’homme. Ce serait une manière éloquente de célébrer le 60e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont un des invités à ce séminaire, M. Roberto Vellano, 1er Conseiller de la Mission permanente de l’Italie auprès des Nations Unies, a rappelé toute la symbolique et l’importance.