Centre international de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix
Dossiers du CIFEDHOP : le droit à l'éducation
Construction de la règle : socialisation juridique et politique par Véronique Truchot
Tale des matières
I. Question de droit
II. Imposition ou consentement ?
III. Socialisation juridique
IV. Construire pour mieux instituer
V. L'apprentissage des normes et la liberté du sujet
Bibliographie
V. L'APPRENTISSAGE DES NORMES ET LA LIBERTÉ DU SUJET
On peut envisager de différentes manières lapprentissage de règles communes selon la façon dont on conçoit la socialisation. Soit «la socialisation est pensée comme un processus déterministe et univoque d'intégration des normes et des valeurs préexistantes et extérieures à l'individu, dont on fait ainsi le réceptacle passif du social.» (Verhoeven, 1997, p. 61); soit, comme une démarche dans laquelle l'acteur joue un rôle actif en mettant en uvre des compétences sociales et langagières. Dans cette perspective, la socialisation n'est plus l'imposition d'un social extérieur, «il s'agit plutôt ici d'une démarche endogène de création de sens par le sujet à travers son expérience propre.» (Verhoeven, 1997, p. 113). Des deux façons de concevoir la socialisation, que l'auteure -s'inspirant de Kohlberg (5)- qualifie respectivement de «conventionnelle» (6) et «post-conventionnelle» (7), la première semble être courante dans plusieurs écoles. Si l'on se réfère à Kohlberg, on peut même penser que dans certains cas une conception «pré-conventionnelle» (8) domine. En effet, une perspective «post-conventionnelle» supposerait «la capacité de transformer des contenus normatifs substantiels, de les recomposer, d'en créer de nouveaux.» (Verhoeven, 1997, p.115), ce qui ne paraît pas être le cas dans bien des écoles où les règles ne sont pas discutables.
Un constat qui nous invite à des réflexions sur l'apprentissage des normes et la liberté du sujet; sur la transgression des règles et le recours à la sanction; sur le respect mutuel et la construction de l'autonomie. Autant de sujets qui méritent d'être analysés et pris en considération si l'on souhaite voir l'école contribuer à une société démocratique (juste, libre et responsable). Il s'agit de préparer les jeunes à vivre dans une société fondée sur un contrat social qui vise à rendre conciliables les libertés individuelles et l'organisation sociale. À la base de la démocratie, cette tension entre les libertés individuelles et le bien commun; entre les valeurs universelles et les revendications particularistes appelle à un dialogue constant. La liberté individuelle ne pouvant s'exercer en affectant la cohésion sociale, il s'ensuit certaines valeurs telles la justice sociale, le respect de l'autre, l'égalité que l'école doit promouvoir en préparant les jeunes à l'exercice de leurs futurs rôles sociaux.
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