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Centre international de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix

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Dossiers du CIFEDHOP : le droit à l'éducation

Construction de la règle : socialisation juridique et politique par Véronique Truchot

Tale des matières

I. Question de droit
II. Imposition ou consentement ?
III. Socialisation juridique
IV. Construire pour mieux instituer
V. L'apprentissage des normes et la liberté du sujet
Bibliographie

I. QUESTION DE DROIT

Les fondements du droit à l’éducation renvoient aux finalités de celle-ci. Si l’on se réfère aux instruments internationaux (1) dont la volonté exprimée s’apparente à cette question, on peut dire que l’école a pour mission de former des êtres libres, responsables, soucieux de justice et capables de «vivre-ensemble» dans une société démocratique.

Rappelons par ailleurs qu’il n’y a pas de démocratie sans loi: sans code, sans «État de droit», c'est la pseudo-loi du plus fort qui l'emporte. Le «vivre-ensemble» suppose donc l'existence de règles qui régulent les rapports entre les individus; des règles fondées sur le respect de la personne et de la dignité humaine, et dont toute société de droit devrait garantir les respect et la promotion.

En tant que lieu où s’édictent et se vivent des règles de la vie sociale, l'école est un milieu propice à l'acquisition de la notion de «règles de droit», de leur élaboration et de leur application. Cependant, trop souvent l'espace scolaire en est un de «non-droit» (2) et le respect des règles s’apparente davantage à une «soumission forcée» (3) qu’à une forme de contrat impliquant la réciprocité

II. IMPOSITION OU CONSENTEMENT

«Soumission forcée» ou considération réciproque correspondent à ce que Piaget (1931) appelait le «respect unilatéral» et «le respect mutuel». Le respect unilatéral est celui du cadet pour l'aîné, de l'enfant pour «l'adulte [qui] impose ses règles et les fait observer grâce à une contrainte spirituelle ou en partie matérielle» (p. 32). Le respect mutuel est le respect de conventions entre individus égaux, il ne nécessite aucune contrainte et se caractérise par un rapport social de coopération. La mesure de réciprocité, qui consiste en la rupture de cette tension (méfiance/confiance), remplace la sanction expiatoire (punition). Selon cet auteur, le respect unilatéral produit l'hétéronomie ou une morale de l'obéissance; le respect mutuel produit, quant à lui, l'autonomie.

La double fonction d'inculcation du normatif et d'éducation à l'autonomie de l'institution scolaire est source de contradictions en même temps qu'elle invite à nous interroger sur les conditions qui permettent des pratiques éducatives démocratiquement formatrices. D’où la complexité de la tâche de l’éducateur qui, pour reprendre Meirieu (1996), doit «faire l’autre» tout en faisant qu’il échappe à son pouvoir en lui reconnaissant sa liberté: avant tout une liberté de résister ou d’adhérer, c’est à dire de construire son autonomie (4). Ce que Defrance (1988, p.107) exprime autrement en parlant du défi de tout éducateur «d'exercer un pouvoir qui donne pouvoir».

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