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Centre international de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix

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Dossiers du CIFEDHOP : le droit à l'éducation

Le droit à l'éducation : quelques repères pour une mise en contexte par Jean Hénaire

 

Table des matières

Présentation
Constats
Principales composantes du droit à l’éducation
Quelques éléments de problématiques
Quelques exemples d’expériences prometteuses
Conclusion : l’éducation, bien commun de l’humanité ?

III. Principales composantes du droit à l’éducation

La définition que propose Paul Hunt (supra) du droit à l’éducation est la suivante :

«L’éducation est à la fois un droit fondamental en soi et une des clefs de l’exercice des autres droits inhérents à la personne humaine. En tant que droit qui concourt à l’autonomisation de l’individu, l’éducation est le principal outil qui permet à des adultes et à des enfants économiquement et socialement marginalisés de sortir de la pauvreté et d’obtenir le moyen de participer pleinement à la vie de leur communauté. L’éducation joue un rôle majeur, qu’il s’agisse de la responsabilisation des femmes, de la protection des enfants contre l’exploitation de leur travail, l’exercice d’un travail dangereux ou l’exploitation sexuelle, de la promotion des droits de l’homme, de la préservation de l’environnement ou encore de la maîtrise de l’accroissement de la population. L’éducation est de plus en plus réputée être un des meilleurs investissements financiers pour les États, mais son importance ne tient pas uniquement aux conséquences qu’elle a sur le plan pratique et aux possibilités qu’elle offre. Une tête bien pleine, un esprit actif [dans la version originelle anglaise, on lit : A well-stocked and active mind, ce qui équivaudrait plutôt à dire : une tête bien faite] capable de vagabonder librement est une des joies et des récompenses de l’existence.»

De cette définition se dégagent des éléments de contenus utiles en vue d’identifier les principales composantes du droit à l’éducation. Nous les énumérons de la manière qui suit, à la manière d’une grille préliminaire d’analyse. Retour

3.1 Le développement personnel et social de l’individu

Le droit à l’éducation «concourt à l’autonomisation de l’individu», c’est-à-dire de la personne humaine dans sa singularité. L’École, en tant qu’institution sociale, doit en même temps «éduquer le sujet» à ses rôles sociaux définis à l’aune des droits et des responsabilités dans une société démocratique. L’épanouissement de la personne dans le groupe s’apparente à une sorte de «socialisation de l’ego» en vue d’assurer la compatibilité des intérêts personnels et des exigences de la vie en société. Ce difficile équilibre peut être vu comme une intériorisation par l’individu des règles démocratiques qui président à la capacité de vivre ensemble. Retour

3.2 L’apprentissage de la démocratie

Pour peu qu’elle se définisse comme démocratique, une société institue des normes qui protègent l’individu, un groupe ou une catégorie de personnes de l’arbitraire. Dans cette optique, l’éducation se présente comme un levier d’apprentissage de la démocratie et ce, dans au moins deux registres. Le premier concerne la vie de l’école proprement dite, avec sa capacité d’instaurer et de cultiver le dialogue, de permettre la prise de parole, d’éduquer au sens critique. Le second exprime la volonté d’inscrire dans les contenus de l’enseignement des savoirs et de construire des compétences qui préparent l’apprenant à lutter contre toutes les formes d’injustice ( discrimination à l’égard des femmes, exploitation des enfants,…) et de cultiver le sens de la responsabilité sociale (préservation de l’environnement,…). Retour

3.3 L’égalité des chances

Paul Hunt écrit que «l’éducation est le principal outil qui permet à des adultes et à des enfants économiquement et socialement marginalisés de sortir de la pauvreté et d’obtenir le moyen de participer pleinement à la vie de leur communauté.» À un premier niveau d’interprétation, cette définition s’inspire du discours sur l’égalité des chances entendu ici comme une intention visant l’accès à tous et à toutes à la scolarisation. Il s’agit d’une égalité de départ, c’est-à-dire, à partir de l’inscription à l’école dès le plus bas âge. Elle ne dispose pas des aléas de parcours induits par la disparité des conditions économiques, culturelles et sociales des individus et des catégories vulnérables de personnes (femmes, minorités, enfants pauvres,…). Les indicateurs actuellement disponibles sur, entre autres, le taux de persévérance scolaire selon le genre, est révélateur de la persistance des inégalités socio-scolaires. À un deuxième niveau d’interprétation, la question de l’égalité des chances peut s’inscrire dans le débat sur la différenciation des parcours de formation et de la qualité de l’encadrement éducatif. À cet égard, les valeurs familiales, la qualité de la formation des enseignants, les pratiques de gestion et les objectifs des politiques éducatives sont au nombre des variables qui déterminent les orientations éducatives. Retour

3.4 La rentabilité économique 

Les orientations des nouvelles politiques éducatives expriment clairement de nouvelles attentes face à la rentabilité des systèmes éducatifs ; dans cet esprit, il est fréquent de lire que «L’éducation est de plus en plus réputée être un des meilleurs investissements financiers pour les États». À cet égard, les nouvelles attentes en éducation sont émaillées d’appels à la rentabilisation du système et à la meilleure adéquation possible entre la formation dispensée et les impératifs de l’économie. La substitution d’un enseignement par objectifs à un enseignement par compétences peut en témoigner jusqu’à un certain point. Cependant, les efforts consentis par des États en vue de réduire l’échec scolaire par des formations professionnelles adaptées à la demande représentent autant d’efforts à la lutte contre l’exclusion sociale et pour le développement économique. Le débat reste néanmoins ouvert pour ce qui est de démarquer les «frontières» d’une professionnalisation de la formation avant que celle-ci ne se confonde avec l’instrumentalisation des savoirs scolaires et d’une rentabilisation de l’éducation sans que celle-ci ne rime avec marchandisation des acquis de formation. Retour

3.5 La qualité de l’éducation 

Paul Hunt prend le soin d’ajouter que l’importance de l’éducation ne se résume pas en la possibilité de meilleurs investissements financiers pour les États («mais son importance [à l’éducation] ne tient pas uniquement aux conséquences qu’elle a sur le plan pratique et aux possibilités qu’elle offre.»). En effet, l’auteur ajoute : «Une tête bien pleine, un esprit actif capable de vagabonder librement est une des joies et des récompenses de l’existence.» Il est ici permis de supposer que le droit à l’éducation ne peut se résumer à un bilan quantitatif de l’accès à la scolarisation. La question qui se pose dès lors est celle de la qualité de la formation acquise. Des contenus d’enseignement non-discriminatoires, des approches pédagogiques respectueuses des personnes, la compétence des formateurs et le cadre démocratique scolaire doivent être examinés avec attention. Retour

 

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