I. PRESENTATION
Le Centre international de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix (CIFEDHOP) est une fondation créée en 1984 par l'Association mondiale pour l'Ecole instrument de paix (EIP), organisation internationale non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), de l'UNESCO, de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples et du Conseil de l'Europe. Le Président du CIFEDHOP est M. Guy-Olivier SEGOND, Conseiller d'Etat, chargé du Département de la santé et des affaires sociales de la République et Canton de Genève.
La 17e session internationale de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix s'est tenue à Genève du 11 au 17 juillet 1999, sous les auspices du Département fédéral des affaires étrangères et du Conseil de l'Europe.
Le CIFEDHOP organise, chaque année à Genève, une Session internationale de formation à l'intention des enseignants et des spécialistes de l'éducation aux droits de l'homme. La Session est divisée en sections linguistiques (française et en anglaise) et constitue un apport fondamental pour le développement de l'éducation aux droits de l'homme et à la paix sur le plan international. Elle est un lieu unique au monde où éducateurs, enseignants, pédagogues, responsables d'ONG, experts gouvernementaux et non gouvernementaux ont la possibilité de se rencontrer et d'échanger en vue de développer des pédagogies visant au respect des droits et des libertés fondamentales.
Le CIFEDHOP tient également des sessions régionales et nationales de formation en Afrique, en Amérique du Nord, ainsi qu'en Europe de l'Ouest et de l'Est. L'édition des travaux se rapportant respectivement aux Sessions internationales et régionales est assurée par la publication des Collections Thématiques et Perspectives régionales africaines. Le thème annuel de la Session internationale est maintenant publiée sous forme d'analyse dans Les dossiers du CIFEDHOP. Retour
II. STRUCTURE ET OBJECTIFS DE LA SESSION
La structure de la Session internationale de juillet 1999 était composée des deux volets complémentaires suivants :
- une analyse juridique et socio-éducative de la problématique du droit à la paix;
- des méthodologies visant à l'intégration des notions de paix et de droits de l'homme dans les activités d'apprentissage que les enseignants proposent aux élèves et à la présentation d'approches et d'outils pédagogiques qui sous-tendent une éducation à la paix et au respect des libertés fondamentales.
Ces travaux visent par ailleurs à faire comprendre l'importance des instruments internationaux pour la réalisation du droit à l'éducation aux droits de l'homme et à la paix dans un contexte de bouleversements à l'échelle planétaire et à rappeler que l'école, en tant qu'institution en pleine mutation, est un lieu privilégié de formation à la citoyenneté démocratique et au respect du pluralisme culturel. Retour
III. PROGRAMMES
Les deux programmes francophone et anglophone ont comporté 38 heures de cours, des présentations audiovisuelles, des évaluations de matériels pédagogiques écrits ou audiovisuels, des jeux, des ateliers, des groupes de travail, des visites d'organisations internationales. Tous les participants ont suivi les activités interculturelles organisées à titre facultatif au cours des soirées, notamment le salon pédagogique qui leur a permis de présenter leurs activités dans le domaine de l'éducation aux droits de l'homme. Des matériels pédagogiques de différentes ONG, notamment d'Amnesty International, de Ligues de droits de l'homme et de Sections nationales de l'Ecole instrument de paix, ont également été présentés lors de cette soirée.
Exception faite des matinées des lundi 12 juillet et mercredi 14 juillet et de l'évaluation du samedi matin 17 juillet, les sections francophone et anglophone ont comporté des programmes distincts sur le même thème (voir programmes à l'Annexe I).
La 17e session a été inaugurée au Château de Bossey le lundi matin 12 juillet par :
- Mme Martine BRUNSCHWIG GRAF, Présidente du Conseil d'Etat, chargée du Département de l'instruction publique de la République et canton de Genève;
- M. Manuel TORNARE, Conseiller administratif de la Ville de Genève;
- Mme Elena IPPOLITI, Responsable de la Décennie de l'éducation aux droits de l'homme, Haut-Commissariat aux droits de l'homme, ONU, Genève;
- Mme Monique PRINDEZIS, Directrice du CIFEDHOP. Retour
IV. ELEMENTS DE CONTENU
4.1 Repères généraux
Une compréhension des enjeux internationaux
Il est difficile, voire pratiquement impossible pour les formateurs, de traiter de la question de l'éducation à la paix sans prendre en compte les enjeux socio-politiques relatifs aux relations internationales, régionales et intranationales.
Les raisons explicatives de la naissance des conflits armés et de leur résolution par la négociation ou par la force, selon les cas, jettent un éclairage sur les politiques des Etats et de l'influence que celles-ci exercent sur différentes sphères de la vie sociale. L'exaltation du sentiment national, les rivalités inter-ethniques, les velléités de puissance et de domination, la défense des intérêts particuliers, l'esprit de concurrence et de compétition, les inégalités sociales et économiques et les luttes idéologiques ont été, à ce jour, au nombre des déterminants majeurs d'exacerbation des tensions et de crises récurrentes à l'échelle planétaire.
Devant les répétitions des conflits où le langage des armes impose à la paix le silence, une critique approfondie des fondements socioculturels et idéologiques des conflits et de la paix s'impose. Pour leur part, les institutions traversent une crise de légitimité, notamment l'école aux prises avec des manifestations de violence, et qui cherche avec plus ou moins de succès, à mettre en oeuvre des stratégies de résolution non-violente des conflits.
Dans un contexte de renouvellement des politiques éducatives un peu partout dans le monde, il convient de s'interroger sur les moyens à mettre en oeuvre en vue d'assurer à l'éducation aux droits de l'homme et à la paix une place digne de ce nom dans les curriculum. L'école, au sens large du terme, n'est pas à l'abri des conflits et son rôle éducatif ne doit pas lui faire oublier qu'elle assume aussi une responsabilité de socialisation politique ainsi qu'une obligation éthique de lutter contre la marginalisation et l'exclusion. Retour
Construire ensemble un langage commun
L'éducation aux droits de l'homme et à la paix s'inscrit dans une dynamique marquée notamment par la pluralité culturelle, linguistique, ethnique et géographique des participants. Les représentations du monde forgées par cette même pluralité montrent bien que la construction d'un langage commun et, partant, d'un vivre-ensemble respectueux des différences renvoie à une quête de sens et de valeurs qui puissent être partagée sans pour autant gommer les particularismes qui constituent la richesse et la mémoire de l'humanité.
Cela peu à priori, dans l'esprit d'aucuns, sembler utopique. Rappelons-nous, à ce sujet, que le terme d'utopie a porté, au cours de l'histoire, des significations diverses, d'où son caractère polysémique. Etymologiquement, utopie signifie, en grec, un lieu qui n'existe pas. Par extension, le terme en est venu à qualifier une pensée, par exemple, qui ne tient pas compte de la réalité. Mais son emploi revêt d'autres sens aussi. C'est le pays imaginaire (Utopia) décrit par Thomas Moore au début du XVIe siècle ou, comme le dit le philosophe contemporain H.-G. Gadamer, "une ambition qui nous fait signe de loin". Dans ce dernier sens, l'utopie se présente comme une réalité souhaitable anticipée et un puissant moteur de changement. Retour