V. THEMES ABORDES LORS DE LA SESSION
5.1. Débat inaugural : le dialogue des cultures et la lutte contre le racisme
Sous la présidence de Jean Hénaire, Directeur des publications du CIFEDHOP.
Intervenants : M. Peter N. Prove, Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale
et M. Camille Kuyu, Professeur, Université Paris 1, Sorbonne.
Le thème de ce débat renvoie à la recherche dune commune humanité. Question centrale, sil en est une, qui mérite dêtre reposée demblée en cette année internationale du dialogue des civilisations. La construction dun esprit de conciliation, dune écoute attentive, dun consentement à lAutre prend désormais une dimension particulière dans un monde à mobilité géographique accrue et aux communications sans frontières et où, par ailleurs, persistent des inégalités de toutes sortes et émergent des valeurs refuges témoignant du repli sur soi et du rejet de la différence. Mais nous ne sommes plus à lépoque des réductions simplistes opposant le barbare au civilisé. LAutre nest plus " une bête sans âme " ou du moins il ne devrait plus être perçu comme tel. Depuis que cet Autre a appris à affirmer son identité et que le monde constitue désormais un vaste ensemble multiculturel, la recherche de comportements permettant de vivre ensemble dans le dialogue participe dune nécessité contemporaine majeure.
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5.2. Léducation interculturelle à lécole
Intervenante : Françoise Lorcerie
Cette éducation appelle à une réflexion sur les fondements de lidentité. Ceux-ci peuvent être de lordre des croyances, telle lappartenance ethnique ou la nation qui cimente ses membres par la construction dune histoire et dune culture communes, dun territoire exclusif. Croyances ainsi liées à lorganisation sociale et politique. Lidentité de masse peut elle-même être le produit dune exploitation politique des émotions collectives.
Dautre part, on peut observer une tension persistante entre la valorisation de son propre groupe dappartenance et la quête de valeurs universelles. En dautres mots, laffirmation de sa distinction peut-elle être conciliable avec la recherche de buts communs qui transcendent lappartenance ethnique ? On peut soulever cette question dans le cadre du rapport à la norme et de la stigmatisation des différences. On peut aussi voir dans le rapport de domination symbolique que peut exercer un groupe sur un autre différentes stratégies qui peuvent avoir des effets opposés : dévalorisation ou valorisation, assimilation ou différenciation.
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5.3. La construction de la règle à lécole
Intervenant : Bernard Defrance
Une réflexion sur la construction de la règle invite à poser quelques principes de droit à appliquer à lécole : 1) la loi est la même pour tous ; 2) toute infraction mérite punition et réparation ; 3) la loi oblige à distinguer dans léchelle de gravité des punitions selon que lauteur de linfraction est majeur ou mineur ; 4) nul nest censé ignorer la loi, quoique seulement à partir de la majorité civique ; 5) nul ne peut se faire justice à lui-même ; 6) nul ne peut être mis en cause pour un comportement qui ne porte tort quà lui-même ; 7) nul ne peut être juge et partie ; 8) le citoyen obéit à la loi parce quil la fait avec les autres citoyens ; 9) linterdit de la violence ne se discute pas démocratiquement puisquil permet la discussion démocratique ; 10) lusage de la force nest légitime que dans deux cas : lurgence, cest-à-dire la légitime défense ou lassistance à personne en danger, et après épuisement de toutes les voies de recours pour rétablir le droit.
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5.4. Atelier pédagogique : approche concertée du vivre ensemble par lécole, la famille et la société civile.
Personne-ressource : Véronique Truchot
La participation des parents et de l'école au dialogue ainsi quà des actions concertées contribue à affronter les problèmes issus de tensions interculturelles. Les parents représentent un immense bassin de ressources qui ne demandent qu'à être développées et exploitées dans l'intérêt des enfants. De plus, bon nombre d'organismes communautaires sont souvent prêts à engager leurs ressources dans une démarche collective avec l'école. Les nombreux exemples de collaboration entre ces différents pôles éducatifs démontrent qu'une approche proactive et concertée représente l'élément essentiel de toute démarche de prévention, de lutte contre l'exclusion et dintégration socioculturelle.
Ce type d'approche permet de trouver des solutions adaptées au milieu local pour répondre aux problèmes rencontrés et influe significativement sur les chances de réussite scolaire et sociale des enfants. D'ailleurs, les approches qui accordent une large place aux relations entre l'école, les familles et la communauté sont préconisées dans de multiples stratégies préventives, notamment auprès des populations dont on sait qu'elles sont particulièrement vulnérables : celles des milieux défavorisés et de l'immigration récente. En groupes de travail, les participants ont travaillé sur des exemples de collaboration et sur des projets dintervention.
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5.5. Les multiples formes de discrimination
Intervenants : M. Noureini TIDJANI-SERPOS, Sous-Directeur général, Département Afrique, UNESCO et Julian BURGER, Bureau du Haut Commissariat aux droits de lhomme, Genève.
La capacité de penser lAutre est au cur du débat sur le dialogue des cultures et des finalités de léducation interculturelle. Cette capacité se heurte à son contraire, qui se traduit par lintention de réduire lidentité de cet Autre à des fins de domination ou doblitération de sa mémoire et de son identité. Lhistoire nous enseigne que ce comportement a des racines lointaines qui se prolongent encore de nos jours. La situation des Africains et des peuples autochtones en constitue un témoignage exemplaire. LAfrique renaissante doit dabord compter sur ses propres forces et lexpérience de son passé. Son identité doit se tourner vers lavenir et doit miser sur les énergies endogènes positives qui constituent son originalité et son inventivité. Les peuples autochtones ont appris à simposer dans ladversité et à réclamer pour eux les mêmes droits que les autres. Leur opiniâtreté interpelle la communauté internationale dans sa responsabilité de garantir légalité en droit pour tous.
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5.6. Atelier pédagogique : des apprentissages pour vivre ensemble
Personne-ressource : Raimundo Dinello
Cest parce que lindividu sexprime verbalement, par les gestes et le corps quil lui est possible de se singulariser dans lexistence. À linverse, sil ny a pas de place dans lenseignement pour des activités dexpression, il nexistera pas de reconnaissance du sujet, car celui-ci se trouvera dans lobligation de se manifester par sa dépendance aux contenus des programmes. Il est ainsi proposé un champ dexpression comprenant les aires suivantes : expression plastique et musicale ; expression scénographique ; expression ludique et mouvements dans lespace ; initiation culturelle.
Ces activités dinteractions multiples permettent larticulation de lexpression du sujet et de lacquisition de lobjet de la connaissance. Pour mettre en pratique ce discours, les participants ont utilisé divers matériaux en vue de réaliser une uvre et den expliquer ensuite le sens lors déchanges en plénière.