Centre international de formation à l'enseignement des droits de l'homme et de la paix
Études et recherches
L'éducation aux droits de l'homme, par François Audigier
Les droits de l’homme 2 (DH) sont censés inspirer la vie sociale et politique dans les Etats européens. L’adhésion au Conseil de l’Europe et, par là, la ratification de la ‘Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales’, expriment ce choix. Cela signifie que l’éducation aux droits de l’homme (EDH) devrait être une priorité dans tous ces Etats. Autrement dit, la construction, par les élèves, de connaissances théoriques et pratiques relatives aux droits de l’homme et à ce qu’ils impliquent dans la vie quotidienne et dans les institutions de nos sociétés devrait constituer l’axe privilégié et obligatoire de tous nos systèmes éducatifs. Mais si cette présence est souvent déclarée nécessaire, elle est rarement systématique, c’est-à-dire qu’elle ne relève pas souvent d’une véritable obligation pour les enseignants et les différents acteurs de l’éducation. Plus précisément, on affirme généralement son caractère transversal, c’est à dire qu’elle ne se limite pas à une matière scolaire bien définie ; on souhaite qu’elle irrigue l’ensemble des pratiques et des comportements, ceux des élèves d’abord, ceux des adultes parfois. Les droits de l’homme concernent tous les humains et donc tous les enseignants, adultes, parents, élèves, présents à l’Ecole 3 ou concernés par elle. Si les droits de l’homme inspirent les règles de vie commune, ce n’est pas à un seul membre de la communauté éducative de les prendre en charge, mais à tous. Cependant, proclamer une présence qui devrait être partout et pour tous a très fréquemment des effets pervers ; elle aboutit souvent à une absence de fait. Après tout, l’Ecole a de nombreuses missions ; nos sociétés la chargent de toutes sortes de tâches : enseigner une maîtrise suffisante du lire-écrirecompter, transmettre une culture commune pour vivre ensemble et assurer le lien social, initier à une ou deux langues étrangères, garantir l’égalité des chances et la sélection des meilleurs, satisfaire les demandes des familles, demandes elles-mêmes diverses et contradictoires, préparer de façon plus ou moins lointaine à la vie active, répondre aux attentes des acteurs de la vie économique, etc., sans oublier le développement de la personne de l’élève comme sujet autonome, responsable, respectueux des lois et capable de prendre des initiatives, etc. Tout en affirmant cette nécessité d’une EDH, nos sociétés sont plongées dans des contextes qui ne lui sont pas immédiatement favorables. Ce qui fonde le lien social vacille entre des courants d’opinions et des groupes de pression dont les uns affirment l’importance du socle des droits de l’homme avec l’égale dignité des personnes et l’égalité de leurs droits, d’autres se réfugient dans des identités plus ou moins imaginées où la langue et la religion se mêlent dans des jeux complexes et parfois dangereux entre inclusion et exclusion, d’autres encore mettent en avant les nécessités économiques pour privilégier le marché comme lieu et principe le plus efficace pour arbitrer entre ces intérêts et ces aspirations pluriels. Sur un tout autre plan, les économies budgétaires liées à la modification du rôle des Etats ont des effets souvent négatifs sur l’Ecole. C’est dans de tels contextes sociaux et scolaires, souvent conflictuels, que tente de s’affirmer l’éducation aux droits de l’homme. Orientation commune des Etats démocratiques, en particulier en Europe, elle est aussi avancée comme condition de la construction d’une Europe où la collaboration pacifique et une certaine union politique auront remplacé une trop longue suite de conflits et de désastres.
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